Entretien avec Benoit Barbedette
Rédacteur en Chef de l’Officiel des Transporteurs
Benoit Barbedette revient pour nous sur les avancées de la télématique et les raisons qui poussent les acteurs du transport à réfléchir à leur équipement.
Au vu des résultats de notre l’enquête de l’Observatoire du Véhicule Industriel, quelles sont selon vous les principales motivations des utilisateurs qui ont recours à la télématique ? Et les principaux freins de ceux qui n’y ont pas recours ?
Benoit Barbedette :
La télématique et la géolocalisation, le “tracking” et le suivi des flux de transport, répondent à une demande de plus en plus forte des clients chargeurs, distributeurs et industriels. Elle vise les camions, les conducteurs… et demain les marchandises (via les objets connectés).
L’esprit : rendre plus transparente la prestation de transport, en temps réel (précision des créneaux, horaires de livraison, planning à respecter, anticipation des retards…), en lien avec les TMS (ordre de transport, récépissé de livraison, gestion des litiges…). La télématique va aussi servir, a posteriori, à produire des tableaux de bord et reportings (indicateurs de qualité, indicateurs d’exploitation et de consommation, choix des itinéraires, contrôle des capacités de chargement et taux de remplissage…).
Le savoir-faire dans la donnée “juste et fiable” peut être différenciant pour les transporteurs et devenir un élément concurrentiel. Le savoir-faire technique va de pair avec le faire savoir d’informations (flux de marchandises = flux d’informations).
Les freins : à qui appartient la donnée ? Volonté de cloisonner les informations pour ne pas livrer toutes les données aux clients ? Comment mesurer le ROI de ces équipements télématiques ? Les transporteurs ont-ils les moyens humains et les compétences en interne pour devenir des gestionnaires de data ?
Avez-vous perçu une évolution récente dans l’utilisation « des outils embarqués » ? Le potentiel de développement vous paraît-il encore fort ?
Benoit Barbedette :
La tendance, c’est le smartphone, le développement des applications mobiles (ce qui va faire évoluer le métier de conducteur) et le portail web/cloud. En livrant d’autres types d’informations, les smartphones (pas encore généralisés dans le TRM) vont seconder les boîtiers embarqués. Ou les rendre moins utiles ? La question est aussi dans l’interopérabilité des systèmes d’information entre eux et leur compatibilité (données du camion + semi, données sociales du chronotachygraphe, données de géolocalisation, TMS, bourses de fret et places de marché…). Mais c’est aussi le frein car tous les opérateurs ne voudront pas être “collaboratifs”, en raison d’intérêts commerciaux.
Quelles évolutions de fond constatez-vous dans l’approche de la gestion de parc de VI (TRM et compte propre) ?
Benoit Barbedette :
Dans le compte d’autrui, les transporteurs ont toujours montré une approche patrimoniale de leur parc « moteurs », en acquérant les véhicules et en les revendant par eux-mêmes. C’est moins vrai dans les PME et ETI aujourd’hui, qui s’orientent vers la location (sous toute forme) en voulant bénéficier des services & garanties associées (véhicules de rechange, dépannage…).
Trois raisons qui incitent à la location :
- possibilités multiples de financements et coûts maîtrisés ;
- technologie des camions plus complexe ;
- moins d’ateliers intégrés et de mécanos chez les transporteurs.
Le choix de gestion prime sur le TCO, critère devenu populaire.